mercredi 20 février 2008

Je suis "tendance", donc je suis...

La chemise Tintin n'est plus possible.

50 ans ont passé,la chemise Tintin qui pouvait procurer un instant rare de bonheur,aussi fort que de gagner au Loto,cet acte unique de faire plaisir,est devenu aujourd'hui tellement banal qu'il est passé dans le domaine du quotidien.

La mode a réussi à transformer un objet courant en un produit de transfert ,un produit de compensation affective,une sorte de mini-ivresse dans notre société de consommation.

C'est ainsi que débute le jeu du consumérisme:on achète pour exister,on achète pour couvrir un corps qui n'a pas de personnalité,qui n'a plus d'âme,qui est réduit à la fonction de porte-manteau,de porte-marques,qui ne vibre qu'au son des marques,des modes,des tendances.Un corps sans nom,sans personnalité,qui n'a d'existence que par son étiquette,un corps qui n'est plus perçu qu'à travers un logo.

On achète pour fuir un vide intérieur,pour combler ses frustrations dans ce monde du consumérisme échevelé,on consomme pour pallier la dépression qui pointe son nez,on s'enivre de produits nouveaux pour cacher sa déprime.

Les boutiques de mode sont presque devenues les nouveaux coffee-shop pour des gamines à peine sorties de l'enfance qui viennent s'étourdir les sens,un peu comme les bistrots des vieux qui parcourent les étapes du gros rouge de zinc en zinc.

On arbore aussi son mobile qui sait tout faire,mais avec lequel on ne sait pas quoi raconter,tant le vide s'est installé dans nos cultures occidentales,tant la forme binaire de pensée s'est installée dans les esprits.

Le corps de l'homme du XXème siècle est passé de l'être de chair et de sang à un être transparent,sans substance,presque sans vie,et qui vous jette au visage son nom de substitution,sa marque de fabrique,son logo.

Descartes l'aurait sûrement dit "Je suis "tendance",donc je suis!"

(à suivre...)

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