mardi 19 février 2008

Il n'y a pas que les "fringues" qui tuent la planète

Mars 2007, passage de l'heure d'hiver à l'heure d'été.La radio diffuse un spot publicitaire "Changer d'heure,changer de montre !"

Quelques semaines auparavant,un annonceur invitait les porteurs de lunettes à s'adapter au printemps et à changer de monture: "fuchsia,lila,vert tendre,osez les couleurs du printemps,changer de monture !"

Même au moment des asperges,on entend sur les ondes "Mettez de la couleur dans votre assiette !"

Innover,changer,changer vite,changer encore et encore et encore: "changer" :voilà le mot responsable,le leitmotiv qui conduit à la catastrophe planétaire.

Une nouvelle robe pour un enfant,une montre qu'il faut changer,choisir de nouvelles montures,trois anecdotes sans lien apparent.

Pourtant toutes les trois ont UN point commun:

le poison de la "mode",le venin des "tendances" avec ses conséquences sournoises et dramatiques pour la planète, viennent de faire leurs premières victimes.

La mode fascine des générations d'êtres humains,des enfants aux adultes,du nanti au plus démuni,chaque individu à peine sorti de la misère,subit semble-t-il avec délectation,les démons du marketing et de la publicité.

La machine à consommer est lancée,les panneaux relaient les affiches,les vitrines complètent les annonceurs,la télé en remet une louche,et les magazines suivent.Peu importe la chronologie,l'important étant de faire vendre,de faire consommer,de convaincre que la consommation est synonyme de lendemains qui chantent,à ceci près que dans ce jeu sournois,seuls les gros détenteurs de capitaux fleurissent.

Il faut bien l'admettre:l'homo erectus,puis l'homo sapiens,n'ont pas tardé à effectuer une complète transformation mentale,en passant du vêtement qui les protègeait des intempéries à l'accessoire "tendance" qui lui permet de se distinguer socialement de ses congénères.

C'est vrai:que de joie générée par une chemise à l'effigie de Tintin,que de bonheur à l'idée de porter le pantalon à pattes d'éléphant,la mini jupe,les chaussures à semelles compensées,le collier en plastique,les bretelles de soutien gorge transparente,les jeans délavés, neufs,mais déchirés,recousus,de préfèrence rapiècés, pour faire "plus tendance" !

Tous les publics sont touchés,mais on voit bien aujourd'hui qu'une jeune fille,surtout de milieu modeste, n'a d'autre attente que de ressembler au plus près à ces gamines de la Star Ac ou aux couvertures des magazines de mode.Elles sont clonées Star Ac,elles sont devenues mannequin l'espace d'une mode et d'une tendance.

Il n'y a d'ailleurs pas que "les fringues";on l'a vu,un mobile devient un accessoire de mode incontournable,on l'expose comme on montre un bijou,une oeuvre d'art,et pourtant ce mobile n'a de raison d'exister que par sa capacité à communiquer.

Une chroniqueuse sur RMC s'extasiait l'autre jour du record du monde battu par le TGV-Est "Et en plus,il est beau..." soupire -t elle dans le micro. Réaction féminine significative ? Propos d'esthète ?

Est ce que le beau serait utile ? Les deux concepts sont tellement chargés émotionellement qu'ils arrivent à perturber la vision de l'objet perçu.

On le voit bien:l'utile,le fonctionnel,le nécessaire comme les vêtements,ou le mobile pour communiquer,ont changé complètement de catégorie,passant de l'utile au non nécessaire,de sa fonction originelle au gadget,peu importe s'il remplit encore la fonction pour laquelle il a été créé.

Le fonctionnel a disparu au profit de l'émotionnel et du relationnel.

(à suivre...)

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